mercredi 4 septembre 2013

Mali : Au sujet de la réconciliation Nationale

Parti SADI Mali 


Le Mali, notre pays, a sombré cette année dans la violence, l’anarchie, la privation des libertés élémentaires, sous diverses formes et à degrés variables, et sur l’ensemble de son territoire. Dans ce pays les crimes les plus horribles, parfois de nature imprescriptible, ont été commis contre de citoyens ordinaires. Le récit de cet épisode tragique est encore actuel, tant les groupes armés n’ont pas encore définitivement déposé leurs armes, l’armée n’est pas encore rentrée une bonne fois pour toutes à la caserne, tous les déplacés n’ont pas encore retrouvé leurs foyers abandonnés et les réfugiés ne sont pas tous rentrés au bercail.
La réconciliation est un long processus et la paix une construction permanente ! La résolution non violente des conflits laisse ouverte la possibilité, à terme, d’une réconciliation des personnes. Elle permet au moins de ne pas l’exclure et ménage au mieux l’avenir. Mais ce qu’elle veut obtenir, c’est la justice ; toute la justice, rien que la justice. On peut attendre d’une lutte pour la justice qu’elle permette la réconciliation, mais non pas qu’elle l’obtienne. La réconciliation est un long processus de cicatrisation des blessures reçues et de guérisons des souffrances subies de part et d’autre tout au long du conflit.
La paix, quant à elle, est une construction permanente qui se fait au jour le jour à travers les médias et la presse, l’éducation, au sein des partis politiques, etc. Et comme aimait à le rappeler si justement le président Félix Houphouët-Boigny : plus qu’un mot, la paix est un comportement de tous les jours.
Le dialogue et la réconciliation ne sauraient donc faire, à eux seuls, un bout de chemin sans leurs compères, la vérité, la justice et la réparation. Ce sont les deux poumons d’espoir d’un même corps de souffrance. Il est d’ailleurs bien curieux que jusqu’ici aucune mention n’ait été faite de la création d’une commission d’enquête judiciaire sur les événements à la fois atroces et inhumains perpétrés à la fois par certains éléments de notre armée républicaine, par le MNLA, et les différents mouvements islamistes intégristes (AQMI, Ansar Dine, Boko Haram, et leurs récentes et opportunistes émanations).
Au delà de la réconciliation nationale à travers le dialogue, il est impérieux de trouver dès maintenant un mécanisme qui permette aussi et surtout, et c’est bien cela le plus important, une justice équitable et une réparation pour toutes les victimes quelles qu’elles soient, car sans cette justice, sans ces réparations, ne nous y trompons pas, aucune paix ne saurait être solide et durable. Comme dirait, Joseph Conrad dans Au cœur des ténèbres : « On ne peut pas vivre le doigt perpétuellement sur son pouls », à un moment ou à un autre, il devient vital de cerner la réalité.
Une solution à long terme devra donc passer par un réel dialogue, une vraie réconciliation, une écoute permanente de toutes les communautés aussi bien du nord que du sud, par une véritable prise en charge de la « dimension humaine » de la crise malienne. Il s’agit, avant tout, de reconnaître la souffrance et le traumatisme des nombreuses victimes du conflit à l’intérieur du pays et hors des frontières.
S’il suffisait seulement et simplement de dire : « je pardonne » et de se faire une accolade devant les médias nationaux et internationaux, les choses auraient été tellement plus simples et la paix des coeurs et des esprits serait si facile et si rapide a obtenir. si seulement il suffisait! Malheureusement, dans le cas de notre paix, il y a des coupables et il y a des victimes et justice doit être rendue avant le pardon! Pardonner aux coupables sans rendre justice aux victimes serait la pire des insultes a la mémoire de tous ceux qui sont morts et de tous ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur âme. Ce serait également tout simplement une privation de plus des droits les plus élémentaires de certains de nos concitoyens : le droit a la justice!
Toutes ces considérations peuvent donner l’impression que la situation est sans issue et que nous sommes condamnés à une perpétuelle descente aux enfers. Loin de nous d’ajouter à l’abondance des scénarios pessimistes inspirés par la crise malienne. Nous disons seulement que la direction du pays doit s’atteler à restaurer un climat de confiance pour un éventuel dialogue. Elle doit commencer par le bas en aidant les populations à poursuivre les concertations locales, surtout dans le nord où, pendant un an, celles-ci se sont réorganisées en désignant des personnes et groupes qui portent leurs paroles et leurs valeurs. Même sous l’occupation, les différentes communautés n’ont pas cessé de se parler et prendre des décisions ensemble. Il en est de même pour les déplacés et réfugiés qui ont tous traversé de périodes extrêmement difficiles, sans aucune attention, encore moins de l’aide, de la part des autorités maliennes. Celles-ci doivent commencer par dissiper le sentiment d’abandon et d’indifférence créé par les agissements et le détachement de la classe politique.
Le futur Gouvernement devrait donc donner un signal clair que toute personne ou entité coupable de violations ou d’exactions sera poursuivie et qu’un jugement équitable sera réservé à chaque partie accusée d’un crime. Seule la promesse d’une justice impartiale pourrait rendre superflue la vengeance personnelle ou la vindicte populaire, et faire en sorte que nous tirions enfin les leçons de nos erreurs passées!

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