YOONU ASKAN WI /Mouvement pour
l’Autonomie Populaire
Permanence nationale : HLM Grand
Yoff, villa n°218, Dakar
La 7ème
session ordinaire du Conseil Général de Yoonu Askan Wi, réunie les 8 et 9 Août
2015 à Dakat sous la présidence du
Délégué Général, Alassane GUISE,
a adopté la présente Résolution au terme de ses travaux, présentant les
caractéristiques essentielles du contexte ainsi que les neuf décisions majeures
arrêtées.
I. CONCERNANT LES
CARACTERISTIQUES ESSENTIELLES DU CONTEXTE
Les
caractéristiques essentielles du contexte international, africain et national
se présentent ainsi qu’il suit :
1.1- Au plan
international :
le système global capitaliste dominant peine de plus en plus à contenir les
démons qu’il a lui-même engendrés : crises endémiques, impasses
financières et budgétaires, réseau planétaire d’espionnage, chômage massif,
crimes, terrorisme, exclusions, migrants refoulés ou poussés à la mort au
fond de l’océan, dictature des marchés et des multinationales, régressions
liberticides… C’est pourquoi, il met en œuvre des moyens colossaux pour susciter
ou entretenir des agressions et des guerres injustes, déployant en même temps
des stratégies de chaos ici ou là, afin d’endiguer le refus de sa domination
inique, exprimé de façon multiple et variée par les travailleurs, les peuples
et nations opprimés partout à travers le monde.
Les
avancées multiples enregistrées par les pays de l’ALBA et de la CELAC en
Amérique du Sud, du Centre et dans les Caraïbes, la reprise des relations
diplomatiques entre les USA et l’héroïque Etat de Cuba, la signature d’un accord
avec l’Iran sur son programme nucléaire, la résistance indomptable du peuple
palestinien martyr, les oppositions multiples à la guerre injuste menée par
l’Arabie Saoudite contre le Yémen, la victoire du NON en Grèce à l’occasion du
referendum du 5 juillet 2015 contre la Troïka et ses politiques d’austérité,
l’affirmation du pôle des BRICS, constituent, entre autres, autant de
signaux éloquents du déclin du monde unipolaire des puissances impérialistes
et, a contrario, de la montée des luttes des peuples un peu partout dans le
monde.
1.2- Au plan africain : l’Afrique peine à
rompre les chaînes de la domination externe et interne, restant toujours
confrontée aux convoitises impérialistes que ses multiples richesses ne cessent
d’attirer et d’attiser. Dans toutes les régions du continent, les peuples, les
jeunes en tête, s’insurgent et prennent à bras le corps les luttes sociales,
démocratiques, citoyennes et républicaines sur la voie de la libération
nationale et de l’émancipation populaire véritables. En tout état de
cause, face à l’insécurité, à la fragilité et à la vulnérabilité de la plupart
des Etats africains, face à la dépendance et à la misère, face aux conséquences
catastrophiques d’une signature des APE imposés par l’Union européenne, face aux
dérèglements climatiques et aux périls écologiques, face à l’accaparement des
terres et des ressources naturelles, face aux trafics de drogues, d’armes et
d’argent sale, face à tous les virus Ebola d’aujourd’hui et de demain, seul le
panafricanisme véritable au service des peuples, assurant l’unité politique et
économique de l’Afrique, reste plus que jamais la clé, le défi à relever pour
le présent et le futur du continent.
C’est
ici le lieu d’encourager les signataires du Tripartite Free Trade Area (TFTA),
une interafricaine tripartite créée au Caire le 10 juin 2015, avec la
mise en place d’un Accord de coopération et d’intégration économique unissant
les marchés de 26 pays, soit la moitié environ des Etats africains, de l'Égypte
au Nord à l'Afrique du Sud au Sud du continent, jusqu’au Kenya à l’Est, sans
oublier, entre autres, l’Angola et le Zimbabwe.
1.3- Au plan
national : la situation
nationale reste marquée par les faits majeurs suivants :
-Le
contournement par le régime du Président SALL de la transition de trois ans
2012-2015 retenue, en amont des élections, par Bennoo Siggil Senegaal avant son
éclatement et comportant la prise en charge des tâches urgentes
suivantes : la réforme des institutions, l’assainissement des finances publiques, le programme économique et social
prioritaire, le retour de la paix en Casamance ;
-Des
décisions unilatérales prises sans concertation sérieuse avec les forces
démocratiques, notamment la substitution de fait du PSE aux conclusions des
Assises nationales, le passage précipité et au forceps à l’Acte III de la
décentralisation, la signature des Accords de Partenariat Economique imposés
par l’Union Européenne, l’implication de nos soldats dans la guerre injuste de
l’Arabie saoudite contre le Yémen;
-Les
conséquences d’ordre social, économique, culturel et politique qui découlent
d’un tel état de fait, en particulier le renforcement de la dépendance du pays,
la continuation de la sujétion aux institutions de Brettons Woods et à
l’OMC au détriment de notre souveraineté nationale, du patriotisme économique
et de l’expertise sénégalaise
pourtant mondialement reconnue, la poursuite de la dégradation des
conditions des travailleurs victimes de fermetures d’entreprises, de licenciements,
d’arriérés de salaires ou de non paiement de leurs droits, la crise endémique
du système éducatif national de l’élémentaire au supérieur en passant par le
moyen-secondaire ainsi que les perturbations récurrentes du service public de la santé ; dans le
monde rural, les iniquités en matière
de gestion du foncier portent de graves préjudices aux paysans, agriculteurs,
éleveurs et pêcheurs, comme dans le Ndiael, à Fanaye, à Fass Ngom ou à Wassadou,
consécutivement à l’accaparement de terres au profit de l’agrobusiness, des
biocarburants et autres OGM ; la campagne agricole 2014-2015 avec des
chiffres officiels indiquant par exemple seulement 278 000 tonnes d’arachide
collectées pour une capacité globale de trituration de 400 000 tonnes par la
seule SUNEOR, le bradage des récoltes et du cheptel dans la période de soudure,
l’insuffisance de semences et d’intrants en quantité et qualité au titre de la
campagne 2015-2016, suscitent de multiples
inquiétudes auprès des acteurs à la base.
Lutte
contre l’enrichissement illicite, développement des infrastructures,
investissements importants consentis en faveur de l’autosuffisance alimentaire,
réduction ou blocage des prix de plusieurs denrées ou produits de première
nécessité, diminution des impôts sur les salaires et des coûts du loyer,
efforts fournis en matière de couverture maladie et de protection sociale:
toutes ces mesures et réalisations à l’actif du
régime du Président SALL, apparaissent comme des gouttes d’eau dans la
mer des équations et aspirations populaires, au vu de l’ampleur et de la
profondeur des difficultés et défis de toutes sortes.
Au
total, après les victoires d’étape importantes que furent, dans la marche
démocratique du peuple sénégalais, les 02 alternances de 2000 puis de 2012, les
Assises nationales et l’historique amorce de révolution citoyenne incarnée par
le mouvement du 23 juin 2011, la création de la Confédération pour la
Démocratie et le Socialisme (CDS) en février 2015 constitue assurément le
fait politique majeur de la période en cours. Cette initiative de portée stratégique
doit être saisie pour mettre en avant les intérêts fondamentaux de la classe
ouvrière et du prolétariat, des couches pauvres et moyennes de la paysannerie,
des autres fractions urbaines et semi-urbaines du semi prolétariat, des
travailleurs de l’informel, de la petite bourgeoisie et de la moyenne
bourgeoisie, des victimes de l’exclusion du système, le
lumpenprolétariat, les catégories sociales marginalisées de femmes et de
jeunes, les autres citoyens laissés-pour-compte, en un mot l’ensemble des
classes populaires opposées à la bourgeoisie bureaucratique et compradore,
alliée à l’aristocratie semi-féodale et semi-capitaliste, vecteurs de la
domination néocoloniale dans notre pays.
La
Gauche constituée au sein de la CDS autour de son document d’orientation, a
adopté les conclusions des Assises nationales comme Programme minimum et s’est
engagée à œuvrer à l’adoption, par referendum, de l’Avant- projet de
constitution de la Commission Nationale de Réforme des Institutions
(CNRI), pour jeter les bases de la refondation de la République. Il sera
alors possible de tourner le dos à l’absence d’une politique économique
d’indépendance et de souveraineté, reflétée à travers le PSE, afin d’être en
capacité de promouvoir un véritable Plan
Sénégal Indépendant. Les prochaines échéances électorales devront
constituer un moment privilégié pour assumer l’identité de la gauche, assurer
la visibilité et les conditions de triomphe de son projet autonome de
transformation sociale.
II. LES 09 DECISIONS
ARRETEES
Appréciant les
caractéristiques essentielles du contexte ainsi que les enjeux, défis,
responsabilités et tâches qui en découlent, le Conseil Général de Yoonu Askan
Wi engage l’ensemble du parti, à tous les niveaux, à :
1.
Prendre la tête d’un vaste mouvement d’émancipation et d’éducation nouvelle
pour le changement positif des mentalités et des comportements, sur le
thème : « CHANGER NOUS-MEMES POUR CHANGER LE SENEGAL ». Il est
ainsi question de mener une campagne large et soutenue, mettant à contribution
le génie propre créateur de notre peuple, autour d’une dynamique novatrice et
partagée dénommée « Caada gu bees féPp ak ñéPP ».
2.
Construire et renforcer Yoonu Askan Wi aux divers plans politique, idéologique,
théorique, organisationnel, culturel, communicationnel, matériel et financier,
de l’implantation nationale comme de la formation militante, en tant que socle
solide et sûr pour la prise en charge effective de l’ensemble de nos
orientations, politiques et décisions, conformément au bon vieux dicton wolof :
bala
nga ne naam, ne fa.
A
cet effet, le Rapport politique, riche et pertinent, présenté à la 7ème
session du CG, devra être complété et largement diffusé, pour servir de base au
Rapport du deuxième Congrès, retenu pour les 02 et 03 avril 2016, accompagné en
amont d’une série de forums-ateliers décentralisés. Après le CODPIN du 1er congrès,
Congrès Décentralisé, Participatif, Inclusif et Novateur, le deuxième congrès,
Congrès de Construction, d’Ouverture et de Dépassement pour l’Emancipation
Populaire et l’Unification de la Gauche (CODEPUG),
se veut être un grand moment d’évaluation, de délibération collective et
inclusive dans la perspective du rassemblement de notre famille politique, la
gauche antilibérale, anti-impérialiste, panafricaine et internationaliste.
Dans
ce cadre, le CG demande au Secrétariat Permanent de réunir les conditions
requises afin d’accélérer le projet de Fusion avec le Front National de
Salut Public /Moom Sa Rééw, de renforcer les convergences notées avec les
autres formations politiques favorables à la fusion, en vue de convenir
ensemble des modalités les plus appropriées, en veillant à impliquer
étroitement la base du parti, pour toute décision finale à prendre.
3.
Développer la liaison aux masses et à leurs luttes, à travers leurs formes
spécifiques d’organisation et de mobilisation, qu’il s’agisse des masses
populaires des villes ou de celles des campagnes, les jeunes et les femmes en
particulier, en assurant pleinement la vie et l’activité du Parti à la base.
4.
Appuyer et renforcer le projet unitaire de la gauche, à travers la CDS en
particulier, avec esprit de principe et de suite, de responsabilité, de respect
réciproque, d’ouverture, de rassemblement, de critique et d’autocritique saine,
tant au niveau national et local que de la diaspora.
5.
Poursuivre de façon conséquente la lutte contre Wade et ses affidés, les
nostalgiques de son pouvoir déchu, ses alliés directs et indirects, ce afin de
barrer la route à tout danger de leur retour éventuel au pouvoir. Dans ce
cadre, mener jusqu’au bout, sans faiblesse ni parti pris, la traque des biens
mal acquis, la lutte contre la corruption, l’impunité, l’accaparement et la
prédation des ressources nationales, en tant que levier incontournable pour
l’assainissement des mœurs politiques et sociales dans notre pays, la
moralisation de la vie politique et publique nationale dans ses différents
compartiments.
6.
Assumer en toute responsabilité et lucidité, conformément à l’orientation
dégagée depuis le CG de Décembre 2013 à travers les trois étapes « enracinement-différenciation,
démarcation-rupture, dépassement », à propos de notre relation au
pouvoir en place sous le rapport des questions clés de souveraineté nationale
et populaire, de gouvernance sobre et vertueuse, d’équité et de transparence,
de priorité absolue à la défense et à la promotion des intérêts fondamentaux
des larges masses populaires des villes et des campagnes. Par cette démarche,
il s’agit de mettre en évidence nos options et propositions de réponses
structurelles, durables et démocratiques au douloureux conflit en
Casamance, aux crises endémiques des secteurs publics de l’éducation et
de la santé, au développement de politiques agricoles viables dans les
différents secteurs, à la demande d’emplois décents et rémunérateurs, notamment
en direction des jeunes, etc.
7.
Intérioriser et assumer le fait qu’après les limites des deux alternances de
2000 et 2012, planter le drapeau de
l’alternative de gauche pour
construire le rapport de forces indispensable au triomphe de son projet
autonome d’indépendance nationale et de transformation sociale, arrivé
pleinement à maturité, est à la fois
pertinent, attendu et nécessaire.
8.
Amener Yoonu Askan Wi et inviter la CDS à porter résolument ensemble la
candidature autonome de la gauche aux prochaines élections présidentielles et
législatives, en présentant un(e) candidat(e) à la présidentielle et une liste
aux législatives ; à promouvoir de façon concertée la mise en place
d’un large front d’unité populaire et citoyenne, comme cadre d’alliance initié
par la gauche en direction des forces réellement acquises aux Conclusions des
Assises nationales, cadre d’alliance fondé sur l’appropriation et l’application
desdites Conclusions selon une orientation de gauche, la soumission au peuple d’un
référendum pour l’adoption de l’Avant-projet de Constitution élaboré par la
CNRI.
La
candidature autonome de cette Gauche permet d’assurer la démarcation politique
des forces sociales et citoyennes alternatives vis-à-vis des coalitions de
partis issus des courants libéral, social-démocrate et social-libéral, de
travailler avec esprit de suite à la conquête du pouvoir par les forces
populaires de rupture, d’avancer résolument vers une nouvelle étape de lutte
articulant de façon correcte l’incontournable révolution républicaine et
citoyenne avec l’indispensable combat anti-impérialiste, pour la
matérialisation du Plan Sénégal
Indépendant et la construction des Etats
Unis démocratiques et socialistes d’Afrique.
9.
Encourager et soutenir les initiatives et efforts de promotion, d’une part de l’unité politique et économique du
continent africain sur la base de l’union libre des peuples libres, d’autre
part de la solidarité internationaliste avec tous les peuples en lutte contre
la domination, l’injustice, l’oppression et l’exploitation,
l’impérialisme et le libéralisme mondialisé.
Fait à Dakar le 9 Août 2015
Le Conseil Général de Yoonu Askan Wi
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