Manifeste




 Manifeste de  YOONU ASKAN WI /
Mouvement pour l’Autonomie Populaire


VERSION ABREGEE



LES ENJEUX DE LA LUTTE DE LIGNES AU SEIN DE AND-JËF/ PADS ET L’EXIGENCE D’UNE NOUVELLE ALTERNATIVE DE RUPTURE SUR LA VOIE DE L’AUTONOMIE POPULAIRE


Dakar, Mai 2008

1.Avant propos   

«Je n’aime que moi.» Un jour, il y a plus de dix ans, au cours d’une discussion, notre regretté camarade Ndongo DIAGNE lâchait cette boutade. Surprenants propos de la bouche d’un militant maoïste, humaniste, généreux et altruiste de sa trempe ? Non, car en y réfléchissant un peu plus,  l’on peut comprendre, à travers cette formule lapidaire, que chacun et chacune d’entre nous milite d’abord pour sa propre cause et sa propre vérité.  S’aimer soi-même n’est-il pas le premier moment pour choisir d’exister en soi et pour soi, avant d’aller vers l’autre, d’aimer l’autre et de le reconnaître, dans la dialectique vivante  du « man » et du « yaw » (le moi et le toi)? Il s’agit ainsi d’assumer, dans la pratique, une ETHIQUE PERSONNELLE de fidélité à un choix libre et volontaire, lequel choix se réalise pleinement à travers un ENGAGEMENT COLLECTIF ET SOLIDAIRE aux côtés d’autres volontés libres, partageant le même idéal. 

Ce texte est le fruit d’une synthèse dynamique issue de l’expérience de militants engagés sur le terrain des luttes politiques et sociales multiformes que mènent le peuple sénégalais et ses détachements organisés depuis nombre de décennies. Expérience qui a débouché sur une rupture claire au sein de AND-JËF / PADS, avec l’émergence de YOONU ASKAN WI / Mouvement pour l’Autonomie Populaire, en tant que réalité politique nouvelle. Synthèse d’une somme d’expériences, ce document participe d’un effort de restitution et de partage d’une mémoire collective, comme moment pour une meilleure saisie des nouvelles perspectives, et des tâches que celles-ci appellent.  En tant que Manifeste de YOONU ASKAN WI / Mouvement pour l’autonomie populaire, il est tout naturel qu’il prenne pour repère et point d’appui l’expérience du courant politique REENU REEW MI / AND-JËF, comme une sorte de cas d’école, même si les questions qu’il pose, ou que se posent ses auteurs, interpellent toute la gauche sénégalaise et africaine, voire mondiale. Sous ce rapport, la lutte menée par Y.A.W. et ce Manifeste qui éclaire son chemin, (en tentant de répondre aux questions: d’où venons nous ? Qui sommes nous ? Que voulons nous et comment nous organiser pour atteindre nos objectifs ?), constituent une modeste contribution et un prétexte à la relance d’un débat, d’une réflexion  sur une nouvelle praxis politique mobilisatrice, contemporaine et bien de chez nous.

Avec cette conviction qu’il n’existe dans le monde aucun  mouvement politique significatif, c'est-à-dire  large, profond, international et durable, sans un effort sérieux de systématisation et de production théorique en tant que guide pour l’action transformatrice. Avec aussi le souci, au-delà de l’évènementiel, d’aller au fond des choses, quelles qu’en soient les limites évidentes au demeurant, afin d’expliciter le mieux que possible nos idées, notre projet, notre perspective, sans mauvaise querelle ni querelle de personne, sans règlement de comptes ni dénigrement, mais avec toute la responsabilité, la fermeté et la détermination  que requiert notre volonté de persévérer à servir le peuple.En cette année du quarantième anniversaire des révoltes populaires de Mai 68 au Sénégal et dans le monde, refondatrices de l’exigence d’une alternative sociétale, et au lendemain du cinquantenaire du Manifeste du PAI, YOONU ASKAN WI ne peut pas manquer de rendre un hommage appuyé à tous les valeureux devanciers, illustres ou anonymes, dont certains, encore vivants, continuent de tenir dans leurs mains tenaces le drapeau de la lutte pour la libération nationale et l’émancipation sociale. 

2. L’émergence du courant maoïste REENU REEW MI et les principales leçons tirées de l’expérience de AND-JËF

De Lamine SENGHOR dans les années « 20 » en France, jusqu’au Pôle de Gauche et à l’alternance de mars 2000, en passant par l’UDS-RDA dans les années « 40 », le PAI et le PRA depuis les années « 50 », le complot de décembre 1962 avec l’arrestation et l’emprisonnement de Mamadou DIA et de ses compagnons, le BMS/FNS de Cheikh Anta DIOP dans les années « 60 », le Parti Communiste du Sénégal (PCS) en 1966, le soulèvement de Mai 68 et l’émergence de la « nouvelle  gauche » dans les années 70-80, sans oublier le mouvement de refus et de contestation des élections frauduleuses de février 88, que de combats, d’échecs et de victoires sur le long chemin de la libération nationale et de l’émancipation sociale ! Est il acceptable que tant d’engagement investi, tant de sacrifices consentis, puissent être passés aujourd’hui simplement en pertes et profits ?

Les camarades Aas DIA, Sam DIALLO, Laye MBAYE, Moustapha BA, Ndongo DIAGNE, et tant d'autres camarades de notre courant comme du mouvement de Gauche en général, nous ont laissé le témoignage d’une vie exemplaire  qui résume fort bien le projet à la base de notre engagement politique: se mettre au service de notre peuple et à l'école de son génie créateur, contribuer à organiser et à élever la conscience des masses pour leur propre émancipation. L'humus de la lutte sans merci qui a opposé la jeunesse au néocolonialisme, dans la lancée de l'historique mouvement de mai 68, constitua le terreau pour la germination du mouvement Reenu Rééw mi. Il y a trente cinq ans en effet, se tenait en mai 1973 à Malika, le congrès de fondation de REENU REEW MI, d’obédience marxiste léniniste maoïste. Sous l’impulsion de REENU REWW MI, a été mis en place AND-JEF / XARE BI dont le congrès constitutif a eu lieu en décembre 1974 à Mermoz, organisation clandestine qui est devenue par la suite, sur le terrain légal, AND-JEF /Mouvement Révolutionnaire pour la Démocratie Nouvelle en 1981, puis AND-JEF /Part Africain pour la Démocratie et le Socialisme depuis décembre 1991.


Les problématiques essentielles auxquelles l’expérience de And-Jëf a tenté d’apporter des réponses se résument autour des questions suivantes :

1. Comment assurer la liaison efficace de l’avant-garde marxiste non seulement au mouvement social mais aussi au mouvement  politique de masse ?
2. Comment articuler les tâches démocratiques immédiates avec les objectifs socialistes et communistes à moyen et long terme, sans bureaucratisme ni manipulations,  dans le respect  des principes d’autonomie et de fonctionnement démocratique ?
3. Comment élever la gauche révolutionnaire du stade groupusculaire à la dignité d’un mouvement de masse fort, crédible, attractif et alternatif,   capable de rompre avec l’image de  « minorité d’intellectuels coupés du réel», ou «d’éternels  marginaux politiques »,    dans    laquelle veut la confiner la     bourgeoisie, souvent avec la   « naïve complicité » de la gauche elle-même ?
4. Comment mener le travail légal, parlementaire et électoral sans verser dans les déviations droitières légalistes,  électoralistes et réformistes de capitulation ou de soumission aux logiques et aux valeurs du système bourgeois dominant ?
5. Comment pour la gauche révolutionnaire conquérir le pouvoir et surtout l’exercer  durablement au service des masses, en veillant à  assurer l’avancée du processus révolutionnaire et à éviter la transformation des victoires en défaites?

En définitive, AND JEF  peut être défini d’abord comme un creuset politique original, fondé sur l’alliance intellectuels- ouvriers- paysans dans les conditions de notre pays, destiné à rassembler les volontés révolutionnaires, démocratiques et progressistes de différents secteurs du peuple, autour du projet de construction d’un pôle combatif anti- impérialiste, anti- néocolonial et anti- féodal, ensuite comme un mouvement qui a évolué vers la forme d’organisation d’un parti classique engagé dans la compétition électorale comme voie de conquête démocratique du pouvoir. Dans tous les cas, se dégage la nécessite d’un noyau de militants d’avant garde aguerris, quel que soit son niveau propre d’organisation, en tant que garant du processus révolutionnaire dans son intégralité, pour l’atteinte  à court, moyen et long terme, des objectifs d’émancipation et d’épanouissement des masses populaires.

Le cours des évènements, depuis la participation à la gestion du pouvoir de l’alternance durant le septennat de WADE et au lendemain des élections présidentielles et législatives de 2007, montre que AND-JËF n’a pas réussi à négocier correctement ces mutations ni à relever victorieusement ces défis. La participation à l’exercice du pouvoir a révélé nombre de comportements malsains,  de déviations opportunistes et de reniements, enfonçant le parti dans une profonde crise d’identité et de perspective qui risque de lui être fatale à jamais.

3. Enjeux de la lutte de lignes au sein de AND-JËF / PADS sur fond de crise d’identité et de perspective

L’alternance, la gauche et les élections de 2007 :
Sous le régime de DIOUF, AND-JËF a eu pour position constante de refuser toute offre de participation à un gouvernement, convaincu qu’il n’existait « pas de solutions pour le Sénégal autour de DIOUF et de ses politiques ». Après le triomphe de l’alternance, AND-JËF/PADS décida, pour la première fois de son histoire, de prendre part à la gestion des affaires publiques au sein du nouveau pouvoir. N’était-il pas possible d’agir autrement, par exemple de garder sa liberté totale d’appréciation et d’action en se plaçant en dehors du gouvernement, tout en restant dans le camp de l’alternance et en apportant un soutien critique au nouveau pouvoir ? Une telle attitude aurait été difficilement compréhensible et aurait certainement été perçue par l’opinion publique comme inconséquente et incohérente, au regard du rôle de AND-JËF/PADS dans l’avènement de l’alternance. S’y ajoute que, dans ce nouveau contexte, l’expérience de la gestion des affaires devenait incontournable pour la crédibilité de toute force politique majeure, ambitionnant de diriger un jour le Sénégal. Le risque d’y perdre son âme avait-il été correctement perçu ? Les garde-fous éthiques, politiques, idéologiques et organisationnels nécessaires avaient ils été conséquemment mis en place ?

L’erreur de la gauche n’a pas été, à nos yeux, d’avoir contribué à porter  WADE à la tête du pays en 2000 et d’avoir été associée à son pouvoir : telle était en effet, dans les conditions d’alors, la voie du changement, voulu par les masses, et celle du déverrouillage du système PS. L’erreur fut plutôt de renoncer à son propre projet et de se diviser des le lendemain du i9 mars, laissant WADE gouverner suivant sa seule inspiration, contrairement aux engagements souscrits en commun. Un positionnement concerté de rupture sur cette base là aurait été une grande leçon de chose politique, un puissant facteur d’éducation des masses et un tremplin pour la gauche en vue de la poursuite de la dynamique de révolution républicaine dans des conditions plus favorables. Tel ne fut pas le cas, à cause pour l’essentiel des calculs étroitement partisans et opportunistes de ces formations de gauche. Par conséquent, elles ont payé et continuent de payer le prix des faiblesses individuelles et collectives dont elles ont fait preuve au lendemain de l’alternance, à savoir:
  • l’accomodation à une normalisation institutionnelle contraire à leur propre culture, au détriment de l’approfondissement de leur liaison avec les masses populaires, pourtant debout et prêtes à changer l’ordre des choses hérité du passé ;
  • une mauvaise compréhension de la nature de cette transition et subséquemment du prix à payer, en raison même de l’inévitable mise en avant d’un leader d’un autre bord et se réclamant du libéralisme démocratique, placé par les réalités de l’évolution politique sénégalaise à la tête de la Coalition Alternance 2000 (CA 2000), puis du Front pour l’Alternance (FAL), et enfin du pays tout entier;
  • le peu de cas fait de la volonté clairement exprimée par ce dernier de réaliser prioritairement son  « programme personnel »,   précisant  dès le départ que, même si  le programme de la CA 2000 emporte son adhésion, « c’est connu, l’élection présidentielle est l’élection d’un homme avant d’être celle du candidat d’un groupe » ;
  • le défaut de consolidation du processus d’unification de leurs rangs dans le nouveau contexte et au cœur du mouvement populaire de masse, de façon à porter à une échelle supérieure l’élan unitaire dont elles avaient fait montre en rapport avec la création du Pôle de Gauche et de la CA 2000.

Telle est la trame de fond qui conduira à la débâcle des partis dits de la gauche historique aux élections de février et juin 2007. Si en effet, la candidature autonome de Landing SAVANE à la présidentielle de février 2007 était politiquement juste, dans le sillage des listes SIGGIL ALTERNANCE aux législatives de 2001 et COALITION ALTERNANCE 2002 aux élections locales suivantes, elle s’est révélée en définitive, au mieux comme une tentative ultime et malheureusement tardive de correction de tout un comportement politique, idéologique et organisationnel qui, en amont et pratiquement  durant 07 ans, était tout le contraire d’une préparation sérieuse à une telle option. A moins qu’elle ne fût, pour certains dirigeants, qu’un calcul raté, qui misait sur un second tour pour mieux monnayer leur soutien à WADE. De fait, cette juste décision stratégique a souffert, à tout le moins, de graves erreurs ou négligences dans sa conduite tactique. Le résultat est connu, il est la sanction d’une orientation illisible, insaisissable, et d’une incompétence collective, dont les responsabilités premières incombent naturellement à la direction suprême du parti.

Globalement, les deux candidats de la gauche historique ont connu une défaite incontestable à la présidentielle de février 2007, BATHILY et SAVANE réunis obtenant à peine plus de 4% et se classant loin derrière les deux candidats de la famille PDS (WADE 56% et SECK 15%), les trois candidats de la famille PS (DIENG 14%, NIASS 5% et SAGNA 2.5%). Les raisons de ces faibles résultats devaient être questionnées en profondeur, en vue des remises en cause nécessaires.

Certes l’argent, les moyens, c’est important, et la gauche doit rompre radicalement d’avec ses habitudes et pratiques de dilettantisme ou d’amateurisme en matière d’édification économique et financière, afin de pouvoir réunir les moyens de ses ambitions. Mais l’argent n’est pas tout et ne saurait suffire à régler les problèmes. En plus, 07 ans de présence au gouvernement montrent clairement qu’il ne suffit pas de participer à la gestion des affaires pour régler le problème des moyens, contrairement à l’argumentaire souvent brandi par certains dirigeants pour justifier leur ralliement au pouvoir. Il faut prendre à bras le corps, et comme un tout cohérent, les tâches de redressement –reconstruction-modernisation dans leurs différentes dimensions politique, idéologique, organisationnelle, communicationnelle, intellectuelle, économique et financière.

Pour ce qui est plus spécifiquement de AND-JËF/PADS, son comportement et ses positions politiques souvent ambigus durant ces sept années de compagnonnage avec le PDS ne lui ont pas permis de se différencier, ni de se délimiter, encore moins de faire vivre ses valeurs et choix de société. De telles valeurs, comme le désintéressement dans l'engagement et le don de soi au profit du peuple, parfaitement en phase avec l'état d'esprit des populations après l'historique 19 mars 2000, ont-elles été investies dans la recherche concrète d'alternatives avec les masses? S'est-on doté des moyens matériels, financiers et logistiques pour renforcer les capacités et compétences dans cette perspective? Qu'a-t-il été fait pour s'appuyer sur la disponibilité populaire comme tremplin pour la promotion de l'homme sénégalais nouveau dans les conditions présentes de notre pays ? A-t-il été question dés le début d'une affectation rationnelle et consensuelle des tâches et ressources humaines et matérielles en notre sein, mettant en avant l'intérêt général et non les intérêts individuels aiguisés par « les balles enrobées de sucre » décochées à satiété par le pouvoir PDS ? A t- on fait un bilan sérieux et partagé de la gestion des parcelles de pouvoir qui nous ont été confiées ? Comment a été perçu par l'opinion de gauche d'abord, les larges masses de citoyens ensuite et notre électorat potentiel en particulier, l'acharnement médiatisé dont ont fait montre des dirigeants haut placés du parti, pour occuper coûte que coûte des charges ou « stations » étatiques? Comment cela a-­t-il déteint négativement sur l'engagement à servir le peuple dans les nouvelles conditions, particulièrement au sein de la jeunesse et des femmes?

Le parti, au lieu de maintenir jusqu’au bout son secrétaire général et son secrétaire général adjoint dans le gouvernement, n'avait-il pas besoin d'hommes d'expérience pour prendre sérieusement et pleinement en mains la poursuite conséquente de sa construction en tant que formation politique  ancrée à gauche, moderne et attractive, s'édifiant de façon à s'élargir continuellement et durablement parmi les citoyens et les larges masses populaires? Le style et la façon de faire ont-ils été en conformité avec ce qui fait l’identité et la juste vision libératrice d’une gauche alternative? Dans le cas contraire, jusqu'à quel point cela a-t-il eu pour conséquence de ternir l'image du parti, en brouillant lentement mais imperturbablement la perception positive que l'opinion et les masses en avaient jusque là? Cela n'a-t-il pas bloqué à mi-­ chemin, y compris sur le terrain électoral, sa transformation en courant de sympathie et d'adhésion durable et réelle, à l'option incarnée par le parti? Le contact avec les citoyens a-t-il été entretenu? Le cas échéant, ne s'est-il pas limité à n'être qu'un rapprochement plus ou moins périodique, motivé principalement par la recherche de voix à la veille d'élections ? A-t-il été tout au contraire permanent, fait d'écoute, d’éducation réciproque et de prise en compte ininterrompue des préoccupations multidimensionnelles des simples gens durant tout le septennat? La poursuite de ce travail n'aurait elle pas débouché sur la fidélisation d'une base sociale finalement convaincue qu'avec un militantisme de ce type, il vaut la peine de se battre pour faire naître une véritable alternative, un nouveau pouvoir?

 A t- on su prendre en mains l'éducation pratique autour des valeurs et mobiliser les jeunes du parti et au-delà, la jeunesse à l'échelle nationale, sur les questions touchant les conditions concrètes d'existence des populations ? Quel a été le rapport aux travailleurs des villes et des campagnes, à l’intelligentsia, aux femmes et aux autres catégories sociales? A t- on fait des bilans sérieux des différentes expériences électorales et a t- on fourni les efforts appropriés pour bien connaître notre pays, nos concitoyens, concitoyennes, et leurs ressorts internes profonds ?  Etc. Autant d'interrogations indiquant la nature des responsabilités aux différents niveaux, individuels et collectifs, à la base et à la direction, et appelant des réponses sérieuses, dignes de ce nom, contrairement à la méthode de la fuite en avant.

L’analyse des comportements des Sénégalais à l’occasion des scrutins présidentiel et législatif, ainsi que des résultats issus de ces élections, atteste que les électeurs savent clairement montrer  ce qu’ils veulent et ce qu’ils sont capables de faire. Si le 25 février les populations se sont résolues, avec sans doute le coup de pouce de l’appareil d’Etat PDS, à donner un second mandat à WADE, faute d’avoir trouvé en face de lui une alternative crédible, le 03 juin elles ont massivement tourné le dos à un pouvoir,  à des institutions et à des politiciens incapables de s’élever à la hauteur de leurs préoccupations réelles et de leurs intérêts véritables. Il faut d’une part, cesser de prendre les citoyens sénégalais pour des demeurés, d’autre part, accepter qu’il est trop facile et trop court de vouloir rejeter sur « l’ingratitude et l’absence de convictions des masses » nos contre performances électorales, éludant ainsi nos propres tâches, insuffisances et limites.

Le déroulement du scrutin du 03 juin démontre, malgré ses limites, la justesse de l’option de la candidature autonome à ces législatives;  contrairement aux apparences et aux prévisions pessimistes de nombre de dirigeants de AND-JËF ayant perdu le moral, il a montré la détermination et l’engagement des militants, ainsi que la capacité du parti à  surmonter les épreuves et ses faiblesses propres. Briser le nouvel élan d’enthousiasme, de confiance, de mobilisation et d’unité né du déroulement et des résultats de ces législatives a été une faute politique grave aux conséquences désastreuses pour le présent et l’avenir du parti.  Le 03 juin, les électrices et électeurs ont donné à la coalition AND DEFAR SENEGAAL un mandat impératif d’opposition à toute Assemblée nationale monocolore, à toute institution parlementaire fonctionnant comme simple caisse de résonance ou chambre d’enregistrement,   à toute politique antisociale de dégradation du pouvoir d’achat ainsi que des conditions de vie et de travail des larges masses populaires des villes et des campagnes. Nul n’a le droit de détourner ce mandat à travers des combinaisons politiciennes de courte vue. C’est pourtant ce qu’a fait la direction de AND-JËF/ PADS.

Il faut être naïf ou complice pour ne pas voir que, en vue de sa succession, WADE travaille, c’est de bonne guerre d’ailleurs, afin de mettre en pôle position son proche entourage y compris son propre fils. Le grand parti présidentiel réunifié (« la maison du père ») est en reconstitution à marche forcée. Les dirigeants du PDS, à défaut de pouvoir absorber AJ/PADS, ont cherché à le neutraliser, voire à l’affaiblir et à le casser. Il en a été de même pour les autres forces politiques, histoire de tracer la voie royale à son fils « vers le sommet » de l’Etat ! Les démissions – transhumances notées dans la période d’entre les deux scrutins, tout comme  « les têtes coupées » au lendemain de la présidentielle, constituaient pourtant un signal révélateur à la fois de l’attitude de l’Etat PDS et de l’exigence de clarification dans les rangs du parti, afin d’endiguer le danger des fausses solutions individuelles de capitulation ou de reddition, avec armes et bagages, au pouvoir en place. Ce que la légitimité du compagnonnage en 2000 n’a pas suffi à conférer au parti, ce n’est certainement pas un hypothétique « partenariat »  démarché et octroyé dans les conditions de la victoire de WADE en 2007, qui le lui fera obtenir.

Le Sénégal et les Sénégalais sont fatigués d’être les otages des opérateurs politiques chasseurs de primes et de prébendes, et des professionnels de la politique politicienne spécialistes de la surenchère, de la démagogie, de la politique spectacle, de la roublardise et de la mauvaise foi. Ils ne sont pas condamnés à devoir choisir entre le PDS et le PS: à la gauche alternative de frayer une voie claire de conquête du pouvoir, qui puisse motiver et mobiliser le peuple, réhabiliter la politique en l’irriguant de ses valeurs humanistes, de son refus de soumission à un ordre du monde injuste, de son projet de transformation sociale positive au service des masses. Autour de ces enjeux, deux voies, deux lignes Se sont affrontés au sein de AND-JËF : une ligne d’autonomie, de  redressement- reconstruction  sur la base d’une évaluation critique et sans complaisance de nos acquis mais surtout de nos erreurs et faiblesses, pour relever solidairement les défis et aller de l’avant ; une ligne de capitulation devant les difficultés, d’aplatissement face aux tenants du pouvoir d’Etat, une ligne de renonciation à toute ambition propre pour le parti et pour le pays, une ligne de complicité, de caution,  de faire valoir et de bouche cousue face à tous les coups tordus contre les opposants politiques et contre la démocratie, ou face aux agressions sociales dirigées contre les masses populaires, une ligne de débandade et d’enterrement final de AND-JËF et du projet politique, économique, social et culturel qu’il porte.

Et pourtant, la Résolution sur le bilan de l’alternance cinq ans après adoptée par le 3ème congrès de AND-JËF / PADS tenu en novembre 2005, montrait clairement que par delà la volonté personnelle du Président de la République et les réalisations avérées dans un certain nombre de domaines, notamment en matière d’infrastructures d’éducation, de santé et de transports, le régime de l’alternance  présente des manquements et limites de taille manifestes. Ainsi, selon les termes de ladite Résolution, ces limites concernant le manque de gouvernance démocratique et républicaine, le développement des inégalités sociales, l’absence de promotion de l’éthique, des valeurs, du changement positif des mentalités et des comportements, ainsi que la poursuite des politiques antérieures de libéralisation et de privatisation, « renvoient fondamentalement à l’exigence d’approfondissement de l’alternance en termes de ruptures qualitatives ». Etre conséquent et fidèle à une telle exigence dans l’autonomie et la responsabilité pour la défense des intérêts réels du parti et du peuple, tel est l’enjeu ou le fond de la lutte entre les deux lignes au sein de AND-JËF/ PADS, non une banale affaire de « pro ou anti- WADE » !!!

La lutte contre la capitulation et l’émergence de YOONU ASKAN WI :
Pour ne pas remonter plus loin, notons que les alertes lancées très tôt par des Fédérations comme celle de Mbour ou le Mouvement pour la Réhabilitation de la Démocratie Interne (MRDI) de Ziguinchor, n’ont jamais été traitées sérieusement par la direction. Quant à la déclaration commune des cadres de AJ et de la LD le 23 avril 2004, elle n’a réussi à l’époque qu’à faire sortir de ses gongs la direction de AJ, qui intima aux cadres l’ordre …de se taire ou d’avoir l’autorisation préalable pour s’exprimer !!! Entre autres facteurs, ce désaveu a bien évidemment beaucoup pesé, depuis lors, dans le sens de la démobilisation durable des cadres, et pour cause ! Pourtant cette déclaration ne faisait que réagir aux propos du Président WADE qui proclamait détenir « une nouvelle majorité » de laquelle, publiquement, il excluait  désormais AJ et la LD !!! Après avoir déploré le discrédit jeté sur les acteurs de l’Alternance par «la promotion des hommes et des femmes ayant servi le régime PS », après avoir fustigé « la nomination d’un gouvernement pléthorique » en opposition à toute volonté sérieuse de «satisfaction de la demande sociale», les cadres des deux partis invitaient leurs directions respectives à « réévaluer leurs relations avec le PDS ainsi que la question de leur participation au gouvernement»,  en s’attachant à «respecter le contrat moral signé avec le peuple sénégalais» et en s’attelant à construire «une grande force politique de gauche»  porteuse d’un «projet de société alternatif crédible ». Il n’est pas inutile de relever ici que, quelques jours seulement avant cette déclaration commune, les coordinations des cadres des deux partis avaient célébré ensemble, loin des «flons-flons» et du folklore, le quatrième anniversaire de l’alternance, en présence de leurs deux secrétaires généraux qui avaient prononcé des discours rassurants et optimistes sur les responsabilités de la gauche et ses tâches d’unification !!!

Quelques jours seulement après la victoire de WADE dès le premier tour de l’élection présidentielle du 25 février 2007,  le Secrétaire Général adjoint de AJ /PADS faisait une sortie remarquée dans le journal LE SOLEIL du 13 mars à travers un article intitulé « la victoire de WADE au premier tour et l’aggiornamento politique au Sénégal ». Prenant de court tout le parti, ne tarissant pas d’éloges sur Wade et ses multiples réalisations, il clouait au pilori le candidat de AJ : « Baser aussi son discours, comme l'a fait Landing Savané entre autres, sur ‘les mains propres’, c'était aussi, quelque part, ne pas s'apercevoir que les préoccupations des électeurs étaient ailleurs ». Et de proclamer sans autre forme de procès : « l'argent et le ndigël [consigne de vote décrétée par un chef religieux en faveur d’un candidat] sont des invariants dans toute campagne électorale. Ceux qui ne peuvent en disposer devront aller s'occuper d'autres choses [sawi te tëri, comme il aime à le dire en wolof] » !!! Telle serait la principale leçon tirée de « la défaite cuisante des adversaires du Président Wade », traçant la voie, au lendemain du 25 février 2007,  d’« un ajustement majeur et de révisions déchirantes », pour « une autre façon de faire la politique, un autre rapport au politique ». En vérité, rien d’autre que la gangrène de la politique féodalo- bourgeoise telle qu’elle s’est toujours donnée dans notre pays !!! 

Lui emboîtant le pas comme dans un duo bien orchestré, le Secrétaire Général lui-même fit  sortir, le 27 mars 2008, un communiqué par lequel il annonçait sa décision  «de marquer un recul de la direction pratique du parti, pour approfondir la réflexion politique et stratégique sur les enjeux de la période ouverte par l’après 25 février 2007». On connaît le trouble et les multiples questionnements suscités par cette déclaration sibylline, auprès de l’opinion et surtout des militants eux-mêmes.

C’est dans cette lancée que, après l’échec des tractations menées pour livrer AND-JËF / PADS au PDS, pieds et poings liés, dans une liste de « coalition » aux législatives et plus tard dans un groupe parlementaire unique, cela du fait du refus poli du PDS et des oppositions au sein du parti, la direction s’empressa de convoquer le Secrétariat Exécutif Politique (SEP) le 17 juin, deux semaines exactement après le scrutin législatif. Il fallait fabriquer une majorité, coûte que coûte et urgemment, en vue de « renouer l’alliance stratégique » avec WADE et son parti. Ce qui fut fait, mais dans la douleur et le déchirement. De nombreuses voix s’étaient en effet élevées fermement contre la ligne d’aplatissement et de capitulation prônée par une partie de la direction, et invitaient plutôt l’organisation à un devoir d’autocritique approfondie et de redressement.

La suite est connue : le 19 juin, le gouvernement  du Premier Ministre Hadjibou SOUMARE est mis en place. La direction de AJ /PADS est zappée à l’occasion des consultations. Quelle déception !!! Il fallait donc donner plus de gages au Président : le porte parole du parti, considéré comme le chef de file des empêcheurs de tourner en rond, fut écarté de son poste le 14 juillet,  sur la base de prétextes fallacieux et mensongers ; puis on organisa la fameuse audience du 25 juillet à la salle des banquets du palais présidentiel ; on alla même jusqu’à tailler sur mesure l’Université d’hivernage du parti pour amadouer le Président et lui dresser  une tribune le 1er décembre 2007. Entre temps, la contestation ne faisait que s’élargir dans les rangs du parti : le 21 août, un groupe de camarades publiait  par voie de presse le célèbre appel : « Halte à la capitulation ». Les « fronts du refus » se mettaient en place  dans plusieurs fédérations et attaquaient ouvertement les orientations capitulardes de la direction. Le 21 novembre 2007, le Collectif Askan wi Tekki faisait son apparition, en participant à la marche des centrales syndicales contre la vie chère, au cours de laquelle il diffusa la déclaration : «la situation sociale et la lutte des travailleurs ».

L’attitude et la réponse de la direction furent constantes : piétinement délibéré des statuts et du règlement intérieur du parti, fuite en avant, désinformation, sanctions à tout vent : exclusion de la camarade Kadéza SABALY de Mbour et du camarade Alioune Badara THIOUNE de Thiès, suspension des camarades Madièye MBODJ du SP et du BP,  ainsi que du camarade Alain DIATTA , membre du Mouvement des Jeunesses AJ. Même les décisions du SEP du 9 septembre 2007, invitant le SG et le BP « à améliorer et renforcer les opportunités et espaces de débats et de discussion tels que souhaités par le groupe des dix et d’autres camarades, pour une meilleure prise en charge des questions de fond soulevées par la déclaration [du groupe des dix] », restèrent lettre morte.   D’ailleurs, le SEP, instance de direction, n’a pas été convoqué une seule fois entre septembre 2007 et mai 2008, laissant le parti pris en otage par une poignée de membres du Secrétariat Permanent du BP !!!

La décision du Secrétariat Permanent (SP) de s’opposer à toute existence de la sensibilité (ou  courant politique) YOONU ASKAN WI (YAW) au sein de AND-JËF, et même de lui refuser toute possibilité de réunion au siège du parti, ne fut donc guère une surprise. Déjà par lettre en date du 26 novembre 2007, le Comité de Réflexion de Yoonu Askan Wi / La Voie de l’Autonomie Populaire     informait la direction de son intention de se constituer en sensibilité,  conformément à l’article 17 des statuts du parti qui dispose : « AND JEF/PADS est un parti démocratique qui garantit le droit d’expression des opinions et sensibilités diverses, en accord avec son programme, ses Statuts et son Règlement Intérieur ». Et de préciser dans ladite correspondance: « Cette sensibilité est l’expression de notre volonté de mener, au sein du parti, un combat politique au nom de notre option de base : SERVIR LE PEUPLE, loin de toute considération de personnes et de toute querelle autour de postes ou de privilèges. Nous envisageons la tenue prochaine de l’assemblée générale constitutive de la sensibilité YOONU ASKAN WI / LA VOIE DE L’AUTONOMIE POPULAIRE, à l’occasion de laquelle devra, notamment, être adoptée la plateforme articulée autour des axes politiques, idéologiques, éthiques et organisationnels suivants: bilan de l’alternance et bilan de la participation de AJ au septennat de Wade, bilan des élections présidentielles et législatives de 2007 ; partenariat stratégique avec le PDS et construction de l’unité stratégique de la gauche et des forces populaires ; l’Etat, le pouvoir et les institutions; mondialisation néolibérale ou alternative néo -socialiste et néo –panafricaniste; politique, éthique, élections et masses;  régime intérieur démocratique et fonctionnement des structures; la vente des cartes et le prochain  Congrès ; enjeux des élections locales de 2008, etc.
La date et les conclusions de cette assemblée générale seront portées à vôtre attention. »   Aucune réponse officielle à cette lettre ne fut envoyée par la direction, malgré les montages et bidonnages opérés par la suite pour tenter d’effacer ce manquement.

Qu’à cela ne tienne : le 21 janvier 2008, après avoir, deux semaines auparavant, présenté au SG, par écrit, des solutions de sortie de crise concrètes et viables, de l’avis même de divers médiateurs qui ont cherché à rapprocher les positions des uns et des autres, mais en vain du fait de l’entêtement de la direction, le Comité de Réflexion informa à nouveau, par lettre, de la réunion de YAW prévue le 02 février à la permanence du parti. Cette fois-ci, la réponse, signée du  SGA, tomba deux jours après : «Créer une sensibilité n’a rien à voir avec créer une minorité organisée en fraction dans le parti… En conséquence, vous n’êtes pas autorisé à tenir à la permanence une réunion fractionnelle, ni à la date du 2 février ni à aucune autre date ».

Evidemment, un tel oukaze n’avait pas la vertu de dissuader YOONU ASKAN WI de tenir sa rencontre : « l’hypocrisie se révèle au grand jour : cette même direction qui se pose en défenseur du ‘ débat à l’interne’ n’accepte aucune sensibilité si ce n’est la sienne, et interdit à des militants authentiques de tenir une réunion au siège du parti, qu’elle considère sans doute comme sa propriété. Or, si l’article 17 des statuts de AND-JEF/ PADS ‘garantit le droit d’expression des opinions et sensibilités diverses’, c’est bien parce que la sensibilité  constitue un support et un catalyseur du débat interne pluriel et contradictoire, en tant que garde fou face aux dérives antidémocratiques et autoritaristes… Yoonu Askan wi / La Voie de l’Autonomie Populaire ne se bat ni pour de l’argent, ni pour des postes ou des privilèges, ni pour des querelles de personne : nous parlons de démocratie interne et de lutte de lignes à assumer, pour ou contre les intérêts du peuple; nous parlons d’orientations et d’alternatives crédibles à construire sans relâche, pour la libération nationale et l’émancipation sociale de notre peuple. Nous resterons fidèles jusqu’au bout à cette voie dans la sérénité et la loyauté, mais en refusant de céder à toute indignité et à toute capitulation». Après cette lettre ouverte en date du 30 janvier, Yoonu Askan Wi organisa effectivement sa conférence constitutive le 02 février 2008 à Dakar.

Aussitôt, comme s’il n’attendait que cette occasion, le Bureau Politique - en fait un SP élargi- réuni en catastrophe le 6 février, fit tomber le couperet: exclusion du parti des camarades Jo DIOP, Alassane GUISSE, Haoua DIA THIAM et Madièye MBODJ, tous membres du Bureau Politique. La Résolution du BP laborieusement concoctée,  avec de multiples versions, décrète même l’appartenance à Yoonu Askan Wi « incompatible » avec la qualité de membre de AJ !!! Dans son inconséquence et mesurant le danger et la difficulté pour elle d’appliquer cette disposition, la direction de AJ n’eut pas le courage de pousser jusqu’au bout sa logique de purge, logique d’un autre âge au demeurant. Est il besoin de le préciser, en matière de sanction, d’exclusion notamment, AND-JËF, conscient de la nécessité de prévenir les abus de pouvoir ou autres dérives autoritaristes, conscient aussi de l’importance de conserver en son sein tout militant de valeur acquis à sa cause et à celle du peuple, a établi des principes clairs et une démarche prudente. C’est ainsi que l’article 16 des statuts dispose : «l’exclusion d’un membre de AND-JËF / PADS doit être ratifiée par le congrès, sur proposition de l’instance concernée, dans les conditions définies par le règlement intérieur ». Et ledit Règlement intérieur de préciser en son article 101 : «chaque structure du parti est habilitée à proposer l’exclusion d’un de ses membres sur la base des cas prévus par les statuts du parti. Le membre incriminé doit avoir été en position de suspension. Le congrès met en place une commission de sept (7) membres chargée de statuer sur les cas qui lui sont soumis et de faire rapport à la plénière qui ratifie et / ou rejette tout ou partie des propositions qui lui sont soumises  ». La direction capitularde a royalement et délibérément piétiné toutes ces dispositions claires et limpides, réduisant la Constitution du parti à de la vulgaire paperasse sans valeur aucune, obnubilée qu’elle est par son désir de retourner dans le gouvernement de WADE, et de se débarrasser, à cet effet, de tout  élément jugé « gênant » pour la réalisation d’une telle entreprise.

La boucle fut donc bouclée avec le retour de AJ aux affaires en la personne de son SG et SGA, à la faveur du réaménagement du  31 mars 2008 : « son retour au gouvernement dans les conditions actuelles du pays et de ce parti, ne fait qu’illustrer une orientation qui a fini de tourner nettement le dos aux attentes et préoccupations réelles du peuple sénégalais, orientation dont nous de YOONU ASKAN WI, nous nous sommes clairement démarqués depuis près de dix mois. Pour des raisons qui lui sont propres, la direction de AJ/PADS est restée sourde et aveugle face aux différentes interpellations. Qu’à cela ne tienne, la situation se clarifie, chacun choisit son camp, et le peuple souverain jugera des choix ainsi que de la pratique des uns et des autres… En  se contentant de reconduire au gouvernement son Secrétaire général et son Secrétaire général adjoint, AJ/PADS n’entend visiblement pas tirer les enseignements de son schéma de participation au septennat de WADE » (Communiqué de YAW en date du 1er avril 2008).

Au total, deux voies, deux lignes, deux logiques: une logique alimentaire d’aplatissement, de gain immédiat ou «jooni jooni», s’abritant derrière un pouvoir caractérisé par une volonté d’accaparement tous azimuts, la distribution clientéliste de prébendes et la course effrénée vers l’enrichissement égoïste, au détriment des intérêts du peuple et de la nation ; en face, une autre conception et pratique de la politique, fondées sur l’abnégation et l’engagement constant au service du peuple, l’éthique, les valeurs  humanistes de justice, d’équité, de solidarité et de progrès pour tous.
Forte de tous ces éclairages, la Coordination Nationale de YOONU ASKAN WI, réunie le 03 Mai 2008 à Dakar,  a décide de la trans-croissance de la sensibilité en un puissant Mouvement politique, économique, social et culturel pour l’autonomie populaire, en rupture claire avec AND JEF / PADS. YOONU ASKAN WI/ La Voie de l’Autonomie Populaire est ainsi devenu: YOONU ASKAN WI/ Mouvement pour l’Autonomie Populaire. Il se veut un creuset qui se source aux racines profondes de notre pays et de notre peuple. Il s’approprie les bonnes pratiques et les valeurs positives de gauche,  pour participer à la mobilisation des forces de progrès dans le processus de construction d’une   nouvelle et grande organisation porteuse d’alternative et de ruptures au service des   peuples de notre pays et de notre continent, dans la perspective des Etats Unis Socialistes d’Afrique.

AND-JËF/ PADS, dévoyé du fait du reniement de certains de ses principaux dirigeants, et miné par une profonde crise d’identité et de perspective, a perdu son âme et, avec elle, la mystique et l’espoir qu’il symbolisait dans la conscience collective de notre peuple et celle des progressistes africains. Ironie de l’histoire : le vent de la petite contre révolution culturelle soufflé par  WADE et le pouvoir de l’alternance aura donc déraciné les leaders historiques de AND-JËF! Cette formation politique, école et laboratoire qui a produit tant de cadres, de talents et de valeurs sûres pour ce pays, est elle donc désormais en fin de parcours, après avoir épuisé son potentiel militant ? Ne lui reste t-il plus que la fusion ou dissolution dans le PDS pour consacrér son enterrement définitif ? Les militantes et militants qui, en son sein, recèlent encore quelque capacité de sursaut et de redressement devraient se convaincre, à notre grand regret à tous, que cette organisation a renoncé à tout   projet autonome de transformation sociale au service des masses, et en tirer toutes les conséquences. Une chose reste cependant claire : AND-JËF est un patrimoine commun, construit des décennies durant par des générations de militants et militantes, qui n’accepteront jamais de laisser passer tant de luttes et de sacrifices en simples pertes et profits ou en offrande rituelle au nouveau dieu de l’univers, le néolibéralisme mondialisé.

4. L’exigence d’une nouvelle alternative populaire

 Orientations stratégiques pour un développement endogène et  durable au
Profondément et radicalement humanistes, nous nous reconnaissons parfaitement dans cette maxime wolof selon laquelle NIT, NITAY GARABAM : non seulement l’homme est le remède de l’homme, mais aussi l’homme est la racine de l’homme. Et nit ku nite ou ku mat, n’est ce pas précisément chez nous la personne humaine accomplie, physiquement et matériellement, mais aussi et surtout intellectuellement,  spirituellement et moralement accomplie ? Sous ce rapport nit, nitééy garabam : le remède de l’homme, c’est sa capacité de discernement, son « savoir vivre ensemble dans la société ».

L’avenir est aux sociétés du savoir et le savoir, comme l’intelligence et comme la vérité, aujourd’hui plus qu’hier, puso la, mag man na ko for, xale man na ko for, góor ak jigéen, ku weex ak ku ñuul (c’est comme une aiguille, à la portée de l’adulte comme de l’enfant, de l’homme comme de la femme, du blanc comme du noir). Voilà qui conforte la pertinence  d’une alter- civilisation de la réciprocité, telle que définie plus haut.

Notre ambition est donc de contribuer à relever les défis du présent et de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique, en tant que bâtisseurs, partisans de la construction positive et des initiatives de transformation novatrice, de l’effort récompensé et du bien être partagé. C’est pourquoi D.E.F.A.R, concept wolof qui signifie construire, constitue l’expression  concentrée d’un tel programme, articulé autour du Développement Endogène comme finalité, du Fédéralisme Africain comme stratégie globale, de la République démocratique et sociale comme instrument d’un leadership nouveau.

Mais DEFAR n’est pas seulement un projet, c’est aussi une pratique et un parti pris en faveur des masses populaires : DEFAR BA MU BAAX, ASKAN WI TEKKI. Askan wi (le peuple),  concept porté et vulgarisé depuis la période du Front Culturel Sénégalais /Làngug Caada Senegaal au milieu des années 70,  tekki conceptualisé depuis le 2ème congrès  de AND-JËF de mai 1988, deux concepts clés qui symbolisent notre raison d’être : l’émancipation et l’épanouissement du peuple par le dénouement du nœud gordien de l’ignorance et de la pauvreté. DEFARAAT JIKKO YI NGIR DEFAR REEW MI : grâce au changement positif des mentalités et comportements, grâce à la paix, à la démocratie et au travail, grâce à la libération des énergies et de la créativité immenses qui gisent au sein des larges masses de chez nous,  sous -tendues par l’émergence d’un nouveau leadership, d’une nouvelle culture de l’initiative et de la transformation, il nous sera enfin possible  de BATIR ENSEMBLE LE SENEGAL DE NOS AMBITIONS. Car, comme le souligne opportunément Abdoulaye LY, « le triomphe éclatant du système de domination et d’exploitation ne commande pas la capitulation ni une quelconque perte de foi. Il appelle au contraire l’organisation d’un puissant contre- pouvoir, animé par les consciences nouvelles mobilisées dans un ordre de bataille nouveau », une nouvelle politique de gauche « complètement dégagée de l’activisme électoraliste, sinon démagogique, et de la ‘’real politik quotataire’’ qui s’installe » (A. LY : « Faire vivre la Nouvelle Gauche », contribution diffusée en janvier 1997, in DIALOGUE AVEC ABDOULAYE LY, IFAN CHEIKH ANTA DIOP, Dakar, 2001).

Notre ambition est de contribuer à relever les défis du présent et de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique, en tant que bâtisseurs, partisans de la construction positive et des initiatives de transformation novatrice, de l’effort récompensé et du bien être partagé. C’est pourquoi D.E.F.A.R, concept wolof qui signifie construire, constitue l’expression  concentrée d’un tel programme, articulé autour du Développement Endogène comme finalité, du Fédéralisme Africain comme stratégie globale, de la République démocratique et sociale comme instrument d’un leadership nouveau.

Mais DEFAR n’est pas seulement un projet, c’est aussi une pratique et un parti pris en faveur des masses populaires : DEFAR BA MU BAAX, ASKAN WI TEKKI. Askan wi (le peuple),  concept porté et vulgarisé depuis la période du Front Culturel Sénégalais /Làngug Caada Senegaal au milieu des années 70,  tekki conceptualisé depuis le 2ème congrès  de AND-JËF de mai 1988, deux concepts clés qui symbolisent notre raison d’être : l’émancipation et l’épanouissement du peuple par le dénouement du nœud gordien de l’ignorance et de la pauvreté. DEFARAAT JIKKO YI NGIR DEFAR REEW MI : grâce au changement positif des mentalités et comportements, grâce à la paix, à la démocratie et au travail, grâce à la libération des énergies et de la créativité immenses qui gisent au sein des larges masses de chez nous,  sous -tendues par l’émergence d’un nouveau leadership, d’une nouvelle culture de l’initiative et de la transformation, il nous sera enfin possible  de BATIR ENSEMBLE LE SENEGAL DE NOS AMBITIONS. Car, comme le souligne opportunément Abdoulaye LY, « le triomphe éclatant du système de domination et d’exploitation ne commande pas la capitulation ni une quelconque perte de foi. Il appelle au contraire l’organisation d’un puissant contre- pouvoir, animé par les consciences nouvelles mobilisées dans un ordre de bataille nouveau », une nouvelle politique de gauche « complètement dégagée de l’activisme électoraliste, sinon démagogique, et de la ‘’real politik quotataire’’ qui s’installe » (A. LY : « Faire vivre la Nouvelle Gauche », contribution diffusée en janvier 1997, in DIALOGUE AVEC ABDOULAYE LY, IFAN CHEIKH ANTA DIOP, Dakar, 2001).

Ici surgit à nouveau l’enjeu de la refondation d’une gauche de rupture pour une nouvelle alternative populaire. Nous ne discutons pas d’un vocable ni d’une étiquette de gauche, de sa pertinence ou de son adéquation avec nos schèmes socio- culturels de pensée. Nous parlons de gauche en tant que position ou posture sociale, contenu, vision, projet de société et programme, tels que déclinés plus haut en termes d’alternative populaire de rupture : avec ou sans le nom, mais « dans la claire conscience de sa nécessité historique et de son rôle » (A. LY).

Encore une fois,  l’exigence d’une force populaire et alternative de rupture : contribution et démarche de Yoonu Askan Wi
Les Rencontres de la Gauche Historique (RGH) initiées en 2005-2006 par le Mouvement pour les Assises de la Gauche (MAG) et   les tentatives d’élaboration concernant le programme de la gauche,  permettent de mesurer l’impact de l’absence de systématisation  globale et partagée. L’unification des forces de dépassement de la transition n’a pas su se faire collectivement et dès le début autour d’axes stratégiques qui réactualisent, approfondissent et développent  des aspects essentiels du programme de la Coalition Alternance 2000.

Le projet d’unification des forces de gauche rencontre des difficultés sérieuses pour des raisons multiples liées en particulier à leurs trajectoires historiques mais aussi à l’opportunisme, aux  problèmes de leadership ou à la primauté accordée aux intérêts étroitement partisans. Au lieu de faire preuve d’une capacité  d’évaluation intelligente et approfondie pour positiver  leurs différences d’itinéraires et se positionner comme les initiateurs et vecteurs d’une nouvelle expérience porteuse, les principales forces sur lesquelles peut s’appuyer un tel projet d’unification ont plutôt fait prévaloir leurs faiblesses et divisions; de ce fait, elles ont perdu l’initiative, prêté le flanc et se sont retrouvées aujourd’hui plus fragmentées que jamais:
-          les unes, dans l’opposition,  en alliance avec le parti anciennement au pouvoir sous SENGHOR et DIOUF ;
-          les autres continuant de se réclamer d’un partenariat sans queue ni tête avec le PDS au pouvoir, dans un contexte de contrôle exclusif et quasi monarchique  de WADE  sur l’ensemble des leviers du pays, après les élections présidentielles et législatives de février et juin 2007 ;
-          et d’autres qui cherchent encore à se frayer une voie.

Les manifestations célébrant, à partir de Septembre 2007 et durant l’année 2008,  le cinquantenaire du MANIFESTE DU PARTI AFRICAIN DE L’INDEPENDANCE (P.A.I.) qui a joué un rôle historique et pionnier dans la lutte pour l’indépendance de l’Afrique, la commémoration du 20ème anniversaire de l’assassinat du Président Thomas SANKARA du Burkina Faso, patriote révolutionnaire africain et leader de rupture, l’Initiative 912 lancée le 9 Décembre 2007 conjointement par le Comité de Suivi de la Famille Eclatée, le Collectif ASKAN WI TEKKI, l’Observatoire Républicain pour la Démocratie et la Citoyenneté ainsi que d’autres sensibilités de gauche, ont constitué et continuent de constituer des moments féconds pour revisiter le parcours et le combat de la gauche dans notre pays et en Afrique ; moments aussi pour réactualiser  ses tâches d’unification pour une nouvelle alternative populaire de rupture.

Comment, dans ce contexte, contribuer à mobiliser, organiser et positionner le peuple en capacité de mettre fin au régime libéral afin de façonner  la structure socio-économique et culturelle de notre pays sur la base des leçons tirées des principales erreurs du passé ? Comment  faire exister et faire vivre dans le mouvement réel une autre conception et une autre pratique de la politique à travers le contenu essentiel du projet, de l'orientation, du programme et de la plateforme de l’alternative populaire de rupture ?  Comment à cet effet, loin de toute stratégie politique fondée sur la tyrannie de la roublardise, du spectacle, de l’artifice, de la mauvaise foi, du ‘’griotisme’’ bavard  et de la politique politicienne, promouvoir l’effort collectif, l’engagement solidaire au service de l’intérêt général et de l’épanouissement individuel, l’obligation de rendre compte, la  participation et le contrôle citoyens vigilants ? Comment faire émerger un leadership nouveau fondé sur la capacité  d’anticipation, la compétence, l’humilité, la proximité et le terrain, la pédagogie de l’exemple et le respect dû au citoyen ?

YOONU ASKAN WI/ MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE POPULAIRE  entend apporter sa modeste contribution à la formulation des réponses aux questions nodales ci-dessus posées. Il se définit comme un mouvement  d’intervention politique, sociale, culturelle et économique pour l’autonomie populaire, la mise du peuple en capacité d’assurer, par lui-même et pour lui-même, son émancipation, et son plein épanouissement. Il se veut un creuset ouvert de réflexion et d’action. Pour cela, il entend promouvoir, dans les conditions actuelles de notre continent et du monde,  l’appropriation critique et le développement fécond du patrimoine politique et éthique de ANDJËF, dans ce qu’il comporte de plus sain, de plus avancé, de plus conforme aux attentes populaires et de plus radical, c'est-à-dire de plus profondément révolutionnaire. L’expérience de YOONU ASKAN WI est celle d’un effort collectif visant à faire vivre l’idéologie au cœur du mouvement réel de critique ouverte et de masse de l’opportunisme dirigeant capitulard. Avoir assumé ce combat, cette forme de révolution culturelle, contre la nouvelle bourgeoisie  dans les partis de gauche, avant même la conquête du pouvoir et le contrôle de l’appareil d’Etat, est en soi une œuvre de salubrité publique préventive de grande portée, pour aujourd’hui et pour demain..
Juché ainsi sur les bonnes pratiques et les valeurs positives de gauche,  YOONU ASKAN WI contribuera activement à la mobilisation des forces de progrès dans le processus de construction d’une   nouvelle et grande organisation politique porteuse d’alternatives et de ruptures au service du   peuple. Loin de vouloir créer un parti de plus, qui en ajouterait encore à l’émiettement tant décrié des partis et forces de gauche, YOONU ASKAN WI a préféré se constituer lui-même en un mouvement ouvert, et lancer un appel aux militantes et militants ainsi qu’aux organisations de gauche, aux patriotes, démocrates, aux citoyennes et citoyens dans le pays et la diaspora, pour qu’ils s’engagent ensemble dans ce grand chantier de construction de cette grande organisation unitaire pour l’alternative populaire. Il les invite à  la mise sur pied, à cet effet, d’un Comité d’initiative unitaire, pour la fondation, dans les  délais appropriés, de cette  organisation, en tant que pas qualitatif et significatif sur la voie du dépassement.
Aujourd’hui plus que jamais, face aux souffrances de notre peuple et aux dangers qui frappent à la porte de notre pays,  il urge de faire exister le projet de gauche, de façon qu’il soit à la fois visible, lisible et crédible, c’est à dire un projet pertinent, alternatif, contemporain, attractif et massivement mobilisateur au travers de ses multiples dimensions politique, économique, sociale, organisationnelle, intellectuelle, culturelle et éthique. Il urge d’assurer la construction active d’une force populaire de transformation et de dépassement qualitatif du système actuel,   avec la conviction que  les idées justes, loin d’être condamnées à demeurer marginales, ont pour finalité de pénétrer les larges masses et de devenir ainsi  de puissantes forces matérielles de transformation politique, économique et sociale. Grand parti unifié ou autre forme d’unité organique ? Peu importe, l’essentiel étant d’aller de l’avant : comme l’écrivait K. MARX, « tout pas réel fait en avant vaut mieux que dix mille programmes. » Tel est aussi le sens de l’appel du doyen Abdoulaye LY, « vieux militant de la gauche sénégalaise, devenu citoyen sans parti et demeuré politiquement engagé », comme il se définit lui-même :  « pourquoi ne pas, d’ores et déjà, partir délibérément du triomphe du libéralisme, après l’effondrement de son adversaire communiste,  qui force tous les hommes de paix et de progrès à organiser, où qu’ils soient,  le refus de la soumission à l’exploitation et à l’injustice, en postulant la nécessité de faire vivre une Nouvelle Gauche unie à la base et partiellement intégrée autour de l’axe d’ne solide formation politique ou d’une puissante coordination de structures partisanes ? »

Pour un nouvel engagement clair et organisé au service du peuple, cinq directions de travail pourront structurer les tâches communes aux forces de la gauche alternative, patriotique et révolutionnaire; elles devront être simultanément prises à bras le corps et sans retard:
-          s’investir activement dans le mouvement social et populaire ainsi que dans les combats majeurs de notre temps à l’échelle nationale, africaine et internationale, en s’efforçant de constituer le pôle le plus résolu de cristallisation des intérêts des masses et d’expression des positions les plus avancées, les plus adaptées et les plus conformes aux exigences de chaque étape de notre lutte pour la libération nationale, l’émancipation sociale et  l’épanouissement de la personne humaine ;
-          assumer, au sein de chaque organisation ou composante de la gauche sénégalaise, la lutte pour la nécessaire clarification sur les enjeux, le contenu, les formes vivantes et contemporaines d’expression du projet de gauche dans les conditions de notre pays et de notre continent ;
-          œuvrer, au plan théorique et pratique, à la recomposition et à l’unification des forces réellement de gauche, en s’efforçant de transcender les carcans des partis ou appareils, et d’impliquer les militant(e)s hors parti, en vue d’un dépassement qualitatif des limites historiques et des faiblesses actuelles de la gauche sénégalaise, pour une gauche qui s’assume, qui compte, qui pèse et qui gagne ; dans ce cadre, re-questionner de façon critique et dynamique les formes d’organisation et de fonctionnement habituelles des partis de gauche, en vue de leur transformation en cadres d’expression plus vivants, plus attractifs, plus modernes et plus démocratiques, susceptibles de démontrer leur utilité sociale aux citoyens et citoyennes, à travers une autre conception, une autre pratique de la politique, au service des masses populaires des villes et des campagnes;
-          à l’occasion des prochaines élections locales ou d’autres échéances, favoriser et promouvoir à la base, auprès de tous les segments sociaux et populaires, des listes arc-en-ciel ou des candidatures de convergence démocratique et citoyenne, trans- parti et hors parti,  pour la conquête et l’exercice du pouvoir local comme central, autour d’un projet de société progressiste et mobilisateur, avec des femmes et des hommes non pas providentiels, mais crédibles, appréciés des populations, compétents, intègres et aptes à piloter la gestion solidaire des affaires de la cité et du pays au service de l’intérêt général, pour le plus grand bénéfice de la collectivité des citoyennes et citoyens;
-          bâtir les réseaux de solidarité et synergies nécessaires avec toutes les organisations révolutionnaires, anti-impérialistes et anti-capitalistes, les forces démocratiques, sociales et progressistes en Afrique et dans le monde, avec la conscience claire d’être sommés, tous et toutes, à la fois de penser global et local, d’agir local et global.

YOONU ASKAN WI / MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE POPULAIRE appelle tous ses membres ou sympathisants, ainsi que tous les militants réellement de gauche, dans les partis ou hors des partis, à s’engager de façon libre et volontaire dans la prise en charge conséquente de ces tâches, pour construire ensemble les bases solides de cette nouvelle alternative populaire de rupture dont est grosse la société mondiale contemporaine, le Sénégal et l’Afrique en particulier.

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